Pendant cinquante ans, Christian Gottlob Heyne, professeur de philologie classique à l’université de Göttingen, directeur de la bibliothèque universitaire, rédacteur du périodique savant lié à l’université et secrétaire de la société savante de la ville, fut au coeur d’une importante correspondance privée et institutionnelle. Cette contribution examine comment le savant-administrateur organisait la gestion de cette correspondance : quelle part de son temps accordait-il à ses échanges épistolaires ? quelle place matérielle leur réservait-il ? Les nombreuses traces de manipulation laissées par Heyne sur sa correspondance, des annotations aux procédures de classement, ont permis de reconstruire les opérations intellectuelles et matérielles qu’il a mises en oeuvre pour administrer le réseau académique de Göttingen. Annoter, ordonner, archiver, c’était aussi rassembler, transformer, produire et diffuser le savoir des Lumières.