Notre thèse est tournée autour de trois moments clés : 1713 – 1789 est une période de prospérité coloniale que l’on souhaite conserver. En 1789-1803, Saint-Domingue est basculé dans la Révolution, qui met à bas tout ce qui faisait de cette colonie le joyau des Français. De 1804 à 1843, notre étude a tenté de répondre à des questions interrogeant la prospérité de Saint-Domingue à la lumière de la pauvreté d’Haïti. De 1804 jusqu’au mouvement d’Acaau en 1843, les efforts politiques se sont orientés vers la restauration du travail collectif. Ce problème agraire qui perdure rend l’indépendance haïtienne bien fragile. L’État haïtien se forme à partir de la lutte contre la domination extérieure alors que cet État n’a pu obtenir l’obéissance des cultivateurs peu disposés à reprendre le travail des plantations malgré des patrouilles fréquentes et des punitions sévères. Les Haïtiens ne cessent de fuir les plantations de canne. Les anciens colons appellent encore à la reconquête de l’île. Les dirigeants haïtiens paraissent applaudir l’Ordonnance royale de 1825 qui met fin à l’idéal dessalinien d’une guerre perpétuelle contre la France. Cette reconnaissance officielle par les Français se transforme en un nouvel épisode de tension entre le nouvel État et la nation. Trop de problèmes attendent d’être soulevés. L’exercice du pouvoir et de l’accès à la terre vont de pair mais le déficit du contrôle des terres par l’État n’est-ce pas là la justification de la carence du pouvoir en Haïti ?